L'anurie réflexe (AR) est une situation très rare, témoignant d'une insuffisance rénale aiguë (IRA), et qui survient en règle après chirurgie de la vessie ou de l'uretère.Â
L'AR se définit comme l'arrêt de toute diurèse par les 2 reins, en réponse à l'obstruction d'un uretère, alors même que l'autre rein est supposé conserver sa fonction, ou à une stimulation douloureuse d'autres organes, notamment au cours de la chirurgie pelvienne. Elle se manifeste par une élévation rapide de la créatininémie. Elle se distingue des autres IRA, prérénales (d'origine vasculaire), rénales (néphropathie aiguë), ou post-rénales (cancer obstructif de la prostate) par son mécanisme, réflexe, faisant intervenir des spasmes urétéraux et artériolaires. Un réflexe réno-rénal a ainsi été observé à l'occasion d'une chimio-embolisation unilatérale d'une tumeur du rein, et l'obstruction d'un uretère chez le chien a entraîné une chute du débit sanguin de 20 % dans le rein controlatéral. D'autres auteurs défendent cependant l'hypothèse mécanique, faisant intervenir un oedème du méat urétéral (après cathétérisme urétral par exemple).Â
Avant d'étiqueter « réflexe » l'anurie (ou l'oligurie extrême) il convient d'avoir éliminé toute étiologie toxique, infectieuse ou hydro-électrolytique. Trois conditions sont importantes pour affirmer le diagnostic :Â
- un rein controlatéral normal, reprenant rapidement sa fonction après traitement de la cause de l'ARÂ
- l'élimination d'une cause organique sur ce rein sain controlatéralÂ
- un retour à une fonction normale sans qu'on ait dû faire un geste sur le rein controlatéral.Â
Sur le plan biologique, outre l'élévation d'un taux de créatinine préalablement normal, il faut qu'il n'y ait aucun argument cytologique urinaire en faveur d'un cancer, d'une nécrose tubulaire ou d'une glomérulonéphrite.Â
L'échographie renseigne sur l'éventuelle et modérée dilatation des cavités pyélocalicielles mais sans amincissement cortical ; la scintigraphie au DTPA (acide diéthylène triamine penta-acétique) associé au technétium, peut montrer une chute du débit rénal avec hypofixation en phase de perfusion, suivie d'une bonne fixation parenchymateuse. La cystoscopie montre en principe des orifices urétéraux normaux.Â
Le traitement est d'abord médical : hémodialyse, correction des désordres hydroélectrolytiques, contrôle de l'hypertension ; dans certains cas, une montée de sondes urétérales bilatérales s'est avérée bénéfique.Â
Avec ces mesures, l'évolution est en règle favorable avec retour à une fonction rénale satisfaisante.Â
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Ce n'est pas la médecine qui fait le médecin, c'est l'Homme qui fait le médecin.